La police ne peut pas laisser cette rumeur de plus en plus folle troubler l'ordre public. La brigade de sûreté (dirigée par le célèbre Vidocq) prend les choses en main : fin janvier, un coupable, un certain Bizeul, est trouvé.
« Le prévenu, nommé Auguste-Marie Bizeul, est un homme de trente-cinq ans ; il prend la qualité de garçon tailleur [...].
Le 14 août dernier, entre quatre et cinq heures du soir, les demoiselles Euphémie et Félicité Gonthier, passant rue des Moulins, furent légèrement piquées par un jeune homme qui avait la main enveloppée dans un mouchoir de soie noire. Il les rejoignit rue des Petits-Champs, où il les piqua de nouveau. Vers le milieu du même mois, la demoiselle Saint-Laurent, âgée de 14 ans et demi, fut piquée dans la rue Saint-Honoré [...].
Ces jeunes demoiselles, soit par timidité, soit par pudeur, ne firent point de déclaration à l'autorité, et ne se déterminèrent que plus tard à cette démarche. Enfin la ressemblance du signalement donné, et d'autres circonstances, firent soupçonner Auguste Bizeul qui a subi à Bicêtre, par arrêt de la Cour d'Assises, la peine infamante de cinq années de prison. On l'a confronté avec trente-huit personnes [...].
Bizeul se défend avec fermeté contre toutes ces imputations, et prétend que la prévention a pu induire les plaignantes en erreur. Il va supposer que dans les bureaux de la préfecture, et avant d'être confrontées avec lui, les jolies plaignantes étaient excitées à déposer contre lui, soit par les gendarmes, soit par des agents de police. »